Premiers Jours, Résidence été 2019, 40mcube, Rennes.
Kahina Loumi qualifie sa peinture d’optimiste, « une peinture où l’esprit se sent libre, où les sentiments sont heureux». Invitée par 40mcube à travailler dans le cadre d’une résidence au HubHug, elle choisit de s’intéresser au paradis, « un thème universel qui surgit dans toutes les représentations culturelles depuis la nuit des temps, qui prend toujours l’apparence d’un verger verdoyant dans un éternel printemps, abondant en fleurs et fruits multicolores et où vivaient des animaux pacifiques. Une figure idéale du bonheur.» Loin des clichés, c’est davantage une sensation abstraite du paradis qui transparaît dans sa peinture. Celle-ci, apposée très diluée, joue sur la transparence, la légèreté, la luminosité, donnant l’impression d’avoir infusé la toile. Il s’en dégage une atmosphère de sérénité certaine.
Dans le cadre de cette recherche, Kahina Loumi expérimente de nouveaux formats de grandes dimensions. Outre la peinture apposée traditionnellement sur des toiles tendues sur châssis, elle recompose la peinture à partir de ses éléments propres : toiles, châssis, peinture. Ces éléments de base qui peuvent paraître restreints lui permettent de réaliser des assemblages de formes selon différents procédés, en superposant des morceaux de toiles collés ou en les cousant entre eux. Ces formes peintes peuvent aussi s’autonomiser dans ses shaped canvas, c’est-à-dire des châssis aux formes abstraites très dessinées. Ces différents modes opératoires, a priori simples, lui permettent en fait de développer de subtiles combinaisons et de les décliner dans de multiples variations, comme un jeu.
Enfin la restitution de la résidence de l’artiste au HubHug a donné lieu à une autre strate d’expérimentation, concernant cette fois-ci la présentation de ses œuvres. Elle varie ainsi entre un accrochage au mur assemblant plusieurs peintures qui dialoguent entre elles, une présentation perpendiculaire au mur donc saillant dans l’espace, ou un positionnement au sol qui donne aux peintures une dimension plus sculpturale. Ces différents modes d’exposition lui permettent de dessiner l’espace, le cheminement du regardeur, et de sans cesse recomposer les choses.
Anne Langlois
Crédit photographique / Valentin Béru